« Diminuer le nombre d’élèves par classe permet-il d’améliorer les résultats scolaires des élèves ? »
Ainsi commençait une synthèse d’une quinzaine des pages rédigé par Olivier MONSO [1] de la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance).
S’appuyant sur une bibliographie de plus de vingt références, françaises et étrangères, il brosse un panorama des études réalisées (enseignement du premier comme du second degré) tant en France qu’à l’étranger.
Le ton est plutôt pessimiste :
« les enfants qui ne parlent pas le français à la maison ne semblent pas bénéficier de tailles de classes plus réduites »
« la baisse des effectifs dans les classes ne semble donc pas aller dans le sens d’une réduction des inégalités scolaires »
« la réduction du nombre d’élèves n’a pas profité aux élèves les plus défavorisés socialement »
Ces constats étant à prendre avec précaution, car susceptibles de résulter de biais expérimentaux.
Une expérimentation portant sur une centaine de Cours Préparatoires accueillant surtout des élèves défavorisés [2] a eu lieu en France en 2002-2004 : les effectifs de ces classes ont été réduits à une dizaine d’élèves (8 à 12).
Si on en croit le « Café Pédagogique » [3], l’étude ministérielle a conclu que
« les inégalités de départ n’en sont pas réduites et, une fois en CE1, ces élèves ont des performances équivalentes aux autres »
et par suite que
« une réduction de la taille des classes des CP est, à elle seule, d’un intérêt pratiquement nul. »
À l’époque, le « Café Pédagogique » suggérait qu’il faudrait peut-être que cette réduction d’effectifs soit maintenue sur plusieurs classes consécutives (évidemment, pour un coût non évoqué ; or D. MEURET -IREDU [4] consacrait plusieurs pages à cette question :
« Même les chercheurs les plus convaincus des effets positifs de la RTC [réduction de la taille des classes] mettent en garde contre le coût élevé de cette politique. »
« les dépenses ne sont pas extensibles et […] toute dépense consacrée à baisser la taille des classes ne pourra l’être à des politiques peut être plus efficaces. »
Dans « Les Actes de Lecture » [5] l’éditorial rappelait que les nombreuses études menées en France sur l’impact d’une réduction majeure d’effectifs, ont montré au mieux un léger gain en lecture (« mais seulement en lecture »), et que
« aucune ne s’est avérée concluante... »
précisant même
« ...quand on n’a pas constaté un effet contraire de celui espéré »
Une étude menée par l’INRP dans les années 1970/1980 avait par exemple montré que
« les écarts se creusent entre « faibles » et « forts » sans que s’élève le niveau général »
De même des études de Suchaut –IREDU- dans les années 1990 montraient un effectif optimal vers vingt-trois élèves.
On pourrait peut-être remettre à l’ordre du jour une phrase de cet éditorial : Pourquoi l’école ne tient-elle pas compte, dans la mise en place de remèdes aux difficultés qu’elle rencontre, des expériences antérieures et des leçons qui en ont été tirées ?