Surveiller et punir
« Tous égaux, tous alliés ». Tel est le slogan que met en avant le Ministère de l’Education nationale avec son document intitulé Prévention de l’homophobie et de la transphobie dans les collèges et les lycées, [1]. Noble en ses affirmations, cet idéal égalitaire suppose la mise en œuvre d’une pédagogie qui ne laisse pas d’étonner..
Ainsi, pour « prendre en charge l’auteur d’un agissement LGBTphobe », on préconise d’« élaborer une réponse éducative proportionnée ». Afin d’être efficace, celle-ci « devra être adaptée à la faute commise ». Pour cela, il conviendra « d’associer l’élève à l’élaboration de la punition » et de « conserver un lien étroit avec la nature de l’agissement homophobe et/ou transphobe ». Dans cette perspective est souhaitée « une mesure de responsabilisation », consistant à « participer à des activités culturelles, de solidarité ou à l’exécution d’une tâche à des fins éducatives ».
Que proposer alors aux malfaisants pour les guérir de leur homo/transphobie ? Concours de femmes à barbes pour tout récalcitrant à la féminisation des garçons ou ateliers couture aux petits mâles s’inquiétant de leurs amies trop viriles ? Peut-être préférera-t-on un stage de deux mois au bureau LGBT du coin ou un exercice de figuration sur un char de la Gay Pride.
Rééducation par le travail : là où la discrétion, le dialogue et la finesse s’imposent, l’institution préfère la coercition et la sanction. Songeons aux suites de cette politique punitive. En pleine classe, des groupes se constituent, s’épient, se raillent et se dénoncent : tous surveillés, tous paranos.