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Affaire d’Allinges : notre lettre à l’Inspectrice

mardi 27 mai 2014, par oleg

Dans un article précédent (http://www.enseignants-pour-enfance.org/spip.php?article176) nous faisions état du fait que la Directrice de l’école d’Allinges refusait désormais d’aider les enfants à concevoir des cadeaux pour la fête des mères. Contestée par une majorité de parents, celle-ci a pourtant été soutenue hier par l’Inspectrice. Dans le but de manifester notre engagement aux côtés de ces derniers, nous avons écrit la lettre suivante à celle-ci  :

Madame l’Inspectrice,

Ayant été avertis par un de nos adhérents de votre venue à Allinges, nous profitons de l’occasion qui nous est donnée pour vous signifier notre mécontentement. Nathalie Mouronvalle, directrice de l’école de la Chavanne a décidé avec son conseil de maîtres de ne plus proposer de travail aux enfants à l’occasion de la fête des mères ou de la fête des pères. Masquée du prétexte de vouloir « éviter les situations délicates pour de nombreux élèves », cette décision est contraire aux droits fondamentaux qui incombent à l’école de la République.
Comme vous le savez sans doute, le Code de l’éducation, à l’article L 111-2 déclare que « L’État garantit le respect de la personnalité de l’enfant et de l’action éducative des familles. » Empêcher les enfants préparer la fête des mères, est clairement s’interposer entre l’enfant et sa famille. De même, le père fondateur de notre institution, Jules Ferry, dans sa « Lettre aux instituteurs » donnait à ces derniers la recommandation qui suit : « Vous ne toucherez jamais à cette chose délicate et sacrée qu’est la conscience de l’enfant. » Le fait de ne pas laisser les enfants travailler à la fête des mères, est tout simplement infliger à ces derniers la violence de la disparition maternelle. Se voulant non discriminante pour certains, la décision de Madame Mouronvalle est en réalité intrusive pour tous. Déplacée autant qu’illégitime, celle-ci a pour immédiate conséquence de faire disparaître de l’horizon des enfants la réalité même de mère et de père.
Pour toutes ces raisons, nous attendons de votre part la condamnation ferme et publique d’une telle décision. De même, un rappel à l’ordre à l’endroit de la directrice de l’école de la Chavanne semble s’imposer.

Veuillez recevoir, Madame l’Inspectrice, l’expression de nos respects.

Les Enseignants pour l’Enfance.

4 Messages

  • Avez-vous conscience que dans certaines classes des enfants ne voient plus, ou très peu, l’un de ses parents ? Si une équipe enseignante décide de ne pas s’impliquer dans la réalisation d’un "cadeau" pour la fête des mères (souvent bricolé entre deux activités plus "fondamentale"), c’est la plupart du temps pour ne pas perturber un ou plusieurs élèves... Ce que je lis est à proprement parler effarant. Vous vous permettez de juger sans connaître, sans savoir, et vous vous scandalisez du fait qu’une activité, NULLEMENT AU PROGRAMME DES ENSEIGNEMENTS ne soit pas proposée ? Un peu de bon sens que diable ! Vous qui êtes les premiers à réclamer que l’on ne dise surtout pas aux enfants ce qu’est la vie et que d’autres voies, par meilleures, pas pires, sont possibles... trouvez scandaleux que l’on ne reste pas dans le tracé des lettres et l’apprentissage du calcul ? Il est bien évident que l’inspectrice soutienne la directrice !!!!! N’importe quelle personne censée en ferait autant ! Et si le cadeau ne plaît pas, y a t’il un recours ? Si un enfant choisit un ruban bleu pour sa maman, est-il possible de déposer une plainte ? On touche aux confins de l’absurde...
    Je veux bien croire qu’il y a une réelle volonté de bien faire de votre part et que vos inquiétudes sont sincères... mais vous allez bien trop loin.

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    • Affaire d’Allinges : notre lettre à l’Inspectrice Le 29 mai 2014 à 14:48, par Guenievres

      Chère Béa,
      Vos remarques traduisent bien le souci que vous avez de ne pas blesser les enfants en situation marginale ou difficile, et c’est tout à votre honneur. Cependant, je ne crois pas qu’en supprimant la fête des mères et autres fêtes jusqu’ici traditionnelles à l’école on va aider nos élèves en situation différente. C’est au contraire en parlant en vérité de tout cela avec eux et en union avec leurs familles (qu’elles qu’elles soient) qu’il sera possible de répondre aux questions. Je crois davantage à un dialogue vrai qu’à la décision de gommer le problème (supprimer ce qui peut gêner certains) en espérant le faire disparaître. On n’en parlera moins -voire plus du tout-, mais les questions des enfants resteront bien présentes. Ce n’est pas parce qu’on ne parle plus de fête des mères que ceux qui n’ont pas leur Maman arrêteront d’en souffrir. Retrouvons du bon sens, de la solidarité et de la communication, sans se lancer dans des pédagogies autoritaires et arbitraires. Enseignante moi-même, je me méfie de tout ce qui est légal, au programme et gomme le bon sens et l’humain dans nos pédagogies....je vois ce qui permet de faire avancer mes élèves en harmonie avec les familles qui sont les premières éducatrices des enfants et qui en majorité sont très attachées à la fête des Pères, des Mères etc.....Bien à vous.

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      • Affaire d’Allinges : notre lettre à l’Inspectrice Le 31 mai 2014 à 11:09, par ROSSI Nicole

        Agée de 62 ans, mère de 2 enfants 30 et 17 ans, mamie d’une petite fille de 17 mois, je partage l’émotion et l’incompréhension de l’ensemble des familles qui désaprouvent la disparition de cette tradition. N’habitant pas
        la commune d’Allinges, je suis neutre et je n’ai eu connaissance de ce contexte que par le biais d’internet.
        Quoiqu’il en soit, il me semble que les parents d’élèves de l’école, soit par le biais de l’asésociation des parents d’élèves auraient dû être conviés à une réflexion sur ce point et que leur participation aurait pu porter à votre
        connaissance que le passé d’enfants marqués par l’absence ou la disparition d’un de leur parent (séparation, divorce, décès) ont permis à beaucoup d’entre-eux de s’investir avec une profonde joie de pouvoir offrir à leurs parents un symbolique petit présent (car pour nombreux d’entre eux l’argent fait terriblement défaut dans leur foyer et le papa ou la maman n’a que ce petit présent qui vaut son pesant d’or et pour les autres de leur rappeler que même loin d’eux ils ne les oublients pas. On nous parle du devoir de mémoire, mais pour ces enfant qui vivent des séparations douloureuses ces quelques heures de travaux manuels sont importants ils sont fiers de penser qu’ils sont comme les autres, contrairement à ce que vous craigniez. Les enseignants, tous commes les soignants, les forces de l’ordre sont chaque jour confrontés à des situations dramatiques pour autant ils ne faut pas préconiser des attitudes draconniennes qui les sanctionneraient davantage, adultes ils n’auront aucun repère, plus de traditions, que pourront-ils transmettre aux générations futures. Garder des liens, créer des contacts, s’inspirer de la sagesse de nos ancêtres et conserver nos traditions. Je peux vous dire que mes 8 frères et soeurs étions fiers et heureux d’offrir toutes ces babioles à notre mère et quel bonheur et quelle joie de
        la voir les disposer bien en évidence sur les étagères. Ils nous a fallu être adultes et travailler pour lui offrir tous les ans un cadeau pour la fête des mères et pour la petite histoire mes plus jeunes frères de 7 à 10 ans dérobaient des fleurs à son insue dans les jardins voisins pour lui offrir un bouquet. C’est à l’âge adulte qu’ils nous ont révélé leur larçin en nous disant nous ne prenions que les branches de lilas qui dépassaient de la clôture.
        Cordialement. NR

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    • Affaire d’Allinges : notre lettre à l’Inspectrice Le 1er juin 2014 à 15:50, par Dubief

      Au fond, chère Béa, il s’agit de l’exception et de la règle. En l’espèce l’exception devient la règle. Une société n’est plus au moment précis ou elle cherche à ne prendre en compte que les situations personnelles.

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