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Le "genre", condition des financements de l’Education nationale ?

mardi 28 octobre 2014, par oleg

Le 20 octobre 2014, le Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes remettait à Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, un rapport relatif à la lutte contre les stéréotypes. Intitulé « Pour l’égalité femmes-hommes et contre les stéréotypes de sexe, déterminer les financements publics », [1] ce dernier semble promouvoir, dans le domaine de l’éducation, une politique de subventions liées à l’adoption de la doctrine du "genre". Si elle était appliquée à l’école, cette démarche incitative contreviendrait à la neutralité de cette dernière, autorisant, par le fait d’un chantage financier, un courant d’idées à faire pression sur une institution d’Etat. Le "genre" peut-il conditionner la politique budgétaire de l’Education nationale ? Une pensée a-t-elle son mot à dire sur les orientations d’un Ministère ? Est-on bien sûr que la République soit une, indivisible et au-dessus de tout parti ?

Un texte inspiré par l’idéologie du "genre"
Les auteurs du rapport ont beau s’en défendre, déclarant préférer les "stéréotypes de sexe" au "stéréotypes de genre", le texte qu’ils produisent est directement inspiré de l’idéologie du "genre". Ainsi, ce dernier est précédé d’une lettre de saisine, rédigée par Najat Vallaud-Belkacem, alors Ministre des Droits des Femmes, en laquelle celle-ci demande aux rédacteurs des veiller plus particulièrement aux "stéréotypes de genre", qui "constituent" à ses yeux un "obstacle à l’égalité". De même, le rapport s’appuie sur les travaux du centre "Hubertine Auclert", lequel se donne, parmi toutes ses missions, l’objectif d’ "organiser un rendez-vous trimestriel sur genre et éducation" [2]. Enfin, l’une des rapporteurs de l’enquête n’est autre que Françoise Veuillot, psychologue et maître de conférences qui rédigea, en 2007, un article intitulé "L’Orientation aux prises avec le genre".[3] Le dogme du "genre", en dépit du retrait des ABCD de l’égalité et malgré le rejet de l’amendement Sommaruga qui, pour la Loi de refondation pour l’école proscrivait l’éducation à l’égalité de genre, persiste ici en sa volonté intrusive. Installés dans les officines ministérielles, les doctrinaires poursuivent leurs études, travaillent leurs influences : le "genre" demeure présent dans notre République et ce, jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat.

Le "genre", condition des subventions accordées au monde enseignant
Cependant, et c’est une nouveauté, le levier choisi n’est plus théorique, politique, ni même médiatique, mais bel et bien financier. La page 9 du rapport pose en effet le principe de l’ "éga-conditionnalité des financements publics", qui "consiste à subordonner les financements publics transférés à une partie tierce au respect de l’égalité femme-homme et à la lutte contre les stéréotypes de sexe." Plus loin, les rédacteurs appliquent cette prérogative à l’Education nationale, puisque, découvre-t-on à la page 127, est préconisée une "budgétisation sensible à l’égalité femme-homme dans l’éducation." N’ayant pu s’imposer par la force des mots, le "genre" se lance dans la stratégie des subsides et des prébendes. Du point de vue théorique, c’est une bonne nouvelle : l’idéologie du "genre", tellement fragile en ses bases, ne peut s’asseoir que par l’autorité de l’argent. Du point de vue de l’institution, c’est un scandale : que de dogmatiques pédagogues réclament, d’une République saignée qui ponctionne toujours plus ses contribuables, la priorité des finances relève de l’indécence et de l’égoïsme. Le "genre", académie communautaire et sectaire, entend-il devenir une pensée de riches, gardée et administrée par des nantis ? Ses partisans auraient-ils pour ambition de n’être que des fonctionnaires zélés et stipendiés ?

Vers une police du "genre" à l’Education nationale ...
Evidemment, toute l’affaire serait comique s’il ne s’agissait pas là d’enseignement. Le problème est que les promoteurs de la préférence égalitaire réclament, du fait des sacrifices exigés, la mise en place d’une politique de surveillance au sein même de l’école. Dans son hystérie normative, le rapport souhaite en effet à sa "Recommandation 25" créer une discipline scolaire de l’égalité : "l’égalité hommes-femmes", affirme la page 136, "est un sujet en tant que tel qui devrait faire l’objet d’un enseignement". De même, la "Recommandation 33" préconise d’ "intégrer le sujet de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les stéréotypes aux concours de recrutement des enseignant-e-s, des personnels d’inspection et de direction". Enfin, la "recommandation 22" réclame un "Observatoire des stéréotypes de sexe dans les manuels", qui publierait un "avis" "pouvant prendre la forme d’un Avertissement". Injonctives et menaçantes, ces prescriptions montrent le point où nous en sommes désormais : le "genre", idéologie subventionnée par les ministères, exige allégeance et protection de ces derniers. La doctrine, comme tout dogme ne pouvant s’établir par la raison, veut son argent et sa police. Qui aurait dit que les rêveries de l’idéal égalitaire chercheraient un jour appui dans les séductions de la monnaie et la sévérité des miradors ?

Certes, ce rapport n’est que proposition. Mais qu’il fût commandé par celle qui, alors Ministre des Droits des femmes, et maintenant locataire de la rue de Grenelle, ne peut que nous alerter. Par cette nomination, c’est bien une politique que l’on souhaitait honorer, ce sont des choix qui furent privilégiés. Nous aimerions alors que ce texte soit promis, comme d’autres avant lui, aux oubliettes de l’Histoire. Et, si l’on décide de faire de cette fameuse égalité hommes-femmes une priorité pour nos écoles, que l’on consulte alors l’ensemble des spécialistes sur la question. Pourquoi les rédacteurs de cette enquête viennent-ils tous du même sérail ? A-t-on remarqué que, des quatre rapporteurs du dit rapport, toutes sont des femmes ? De même, est-il bien admissible qu’une étude qui entend prôner les bienfaits de la parité compte, parmi les personnes auditionnées ou remerciées, 45 femmes pour neuf hommes ? Il est temps que nos Ministères reviennent à plus de raison, se fassent sourds aux lubies des lobbys et travaillent à l’union d’un pays toujours plus fragilisé. Aussi retournons-nous, pour finir en un souci de concorde, à Madame Vallaud-Belkacem le voeu qu’elle formula elle-même à l’Observatoire de la laïcité, le 21 octobre 2014 : "L’école doit être apaisée et protégée. Protégée des prosélytismes, protégée des irruptions identitaires, protégée des polémiques stériles." [4]

[1] http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/stereotypes-et-roles-sociaux/actualites-3/article/remise-du-rapport-stereotypes-a
[2] http://www.centre-hubertine-auclert.fr/education-a-l-egalite
[3] http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=TGS&ID_NUMPUBLIE=TGS_018&ID_ARTICLE=TGS_018_0087
[4] http://www.education.gouv.fr/cid83175/discours-de-najat-vallaud-belkacem-a-l-observatoire-de-la-laicite-21-octobre-2014.html

1 Message

  • "condition des financements de l’Education nationale" Le 28 octobre 2014 à 09:53, par Espérance

    "condition des financements de l’Education nationale"
    Donc il y a de l’argent à dépenser à l’éducation nationale ?
    Ben alors, pourquoi gratte-t-on partout sur le dos des familles et des moins favorisés des classes moyennes ?
    Ça s’appelle vouloir tondre un œuf, ce qui est assez peu efficace si à côté il y a un mouton qu’on peut tondre...

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