Réforme du collège : l’analyse de Médiapart

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• # Réforme du collège : l’analyse de Médiapart Le 27 juin 2016 à 16:03, par GUINOUARD Maryline

  je suis enseignante d’anglais et comme bon nombre de mes collègues je me suis élevée contre cette réforme du collège odieuse,qui ne respecte pas la différence entre les enfants puisqu’en éradiquant les options ( j’enseigne ou plutôt ai enseigné depuis le début en section européenne),en piétinant le latin et les classes bilangues allemand, les heures de soutien et les groupes de compétences en maths, français et anglais ,elle dénigre la curiosité différente des jeunes ainsi que l’excellence et le mérite. Nous avons mené tant de projets qui ont valorisé les enfants , leurs savoirs et leur savoir-faire ...projets qui vont désormais être réduits à peau de chagrin puisque tous les moyens jusqu’ici alloués vont disparaître. Sous couvert d’égalitarisme, cette réforme est un plan social pur et simple (dans notre collège 11h d’anglais disparaissent, ma collègue d’allemand à temps complet doit prendre un mi-temps ailleurs, le latin subsistera dans un sacro-saint EPI... ces EPIS censés nous apprendre à travailler ensemble..la blague !) et une ode à la médiocrité, du moins dans l’enseignement public.

  J’aimerais que vous fassiez une enquête pour savoir combien de nos ministres, secrétaires d’état et autres personnalités politiques, qui prônent cette réforme, confient leurs progénitures à l’enseignement public ? De manière scandaleuse, les classes bilangues sont maintenues dans l’académie de Paris... Bizarre, non ?
  Pour la première fois de ma carrière longue de 33 ans, je me sens démotivée et tellement triste.... Et je pense avec émotion à l’une de mes filles qui va commencer une longue carrière en tant que professeur d’EPS..Que faut-il faire ? Lui dire de FUIR ?
  Merci pour l’aide que vous nous apportez. Continuez à dénoncer les scandales !
  M GUINOUARD

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  • # Avenir réel de la "réforme du collège" Le 28 juin 2016 à 18:20, par Epsilon

    Chère collègue,
    merci pour votre témoignage. Nous en recevons beaucoup de similaires mais votre synthèse est magistrale.
    Une observation encourageante cependant : très peu de collègues croient vraiment à cette réforme, mal ficelée, péremptoire mais floue au point de prêter le flanc à bien des contournements parfaitement réglementaires, ce n’est qu’une question d’imagination.
    Un autre témoignage porteur d’espoir : la réalité a la fâcheuse habitude de revenir en boomerang lorsqu’on la chasse. Mettez un collège en périphérie d’une grande agglomération ; il reçoit des publics variés comme le sont les communes avoisinantes. Il y a quelques années le corps enseignant a pris la décision de mettre fin aux classes "euro-", trop ’élitistes’. Le collège a depuis réduit de presque moitié : les bons élèves, d’abord des quartiers dits "favorisés" puis les autres, ont progressivement émigré vers "le privé", pour retrouver un cadre de travail et de sécurité. Aujourd’hui les mêmes enseignants, qui se réclament toujours à grands cris de la même idéologie (et agissent inversement pour leurs propres enfants) poussent à nouveau pour des classes "euro-" qui ne disent pas leur nom, simplement pour ne pas perdre leurs élèves et leurs postes...
    Et les enfants des cadres de l’EN, demandiez-vous ? C’est un des secrets les mieux gardés de la république et défense d’en parler. Mais on parle de l’Ecole Alsacienne pour les enfants du ministre - je vous rassure, cet établissement n’est pas soumis à la réforme - ou les lycées prestigieux comme H IV, Louis le Grand et consorts, et leurs collèges de recrutement, qui sont "publics" mais pas pour n’importe qui tout de même - les bassins d’éducation sont hors de portée du commun.

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