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Qui se cache derrière la suppression de la fête des mères ?

mardi 24 juin 2014, par oleg

Des adhérents, des sympathisants ou des visiteurs de ce site nous le signalent : la fête des mères et des pères est menacée à l’école. Remplacée par une "fête des parents" ou tout simplement supprimée, ce moment particulier dans la vie de l’enfant est désormais espèce en voie de disparition. Justifiant leur abolitionnisme singulier, les nouveaux censeurs invoquent une neutralité respectueuse, doublée d’une volonté non discriminante. Comme à son ordinaire, cet égalitarisme n’est que façade et sert à introduire dans le monde de l’école des convictions partisanes. Nous en voulons pour preuve l’origine même de cette mise en question, dont nous retraçons ici brièvement l’histoire.

La mise en question de la fête des mères : une idée vieille de 35 ans
La mise en question de la fête des mères et des pères ne date pas d’hier. Une des premières traces qui peut en être trouvée dans le monde enseignant figure dans une revue datée de février 1979. Intitulée L’Educateur, la brochure propose un article ayant pour titre "Une interrogation sur la « Fête des Mères », institution au grand retentissement dans toutes les classes de France et de Navarre". [1] Refusant de "célébrer les mères un jour par an pour acheter le droit d’en faire des servantes tout le reste de l’année", l’article s’indigne de ce que l’on "valorise la femme uniquement dans son rôle de mère". Ne voulant apporter sa "caution à tous les pouvoirs en place, église,gouvernement, municipalités de droite et de gauche, puissances d’argent", le texte demande alors à ne plus "perpétuer l’image traditionnelle de la femme réduite au rôle de mère". Conséquence logique de cette approche, les rédacteurs du document s’indignent et écrivent : "Le 8 mars, c’est la journée des femmes, on n’en a pas fait du tout une fête."

Derrière l’abolition, des revendications partisanes et déplacées
On le voit bien ici, le refus de la fête des mères s’enracine dans une conception partiale de la femme, qui impose à l’école et à l’enfant ses vues. En témoigne la source même de l’article, qui fut signé par la Commission "Sexisme" de l’ I.C.E. M. , Institut Coopératif de l’École Moderne. Créée en 1947 par Célestin Freinet, cette association se donne pour but de créer "une école émancipatrice", "où chacun est reconnu pour l’égalité des droits". [2] Clairement politiques, les objectifs de ce groupe, s’ils sont légitimes à titre individuel dans la sphère des citoyens adultes, sont parfaitement déplacés dans le cadre d’une institution publique au service des enfants. Doit-on rappeler que le principe de neutralité du service public "interdit au fonctionnaire de faire de sa fonction l’instrument d’une propagande quelconque" [3] ? Supprimer la fête des mères n’est-ce pas se faire prosélyte d’une conception restrictive de la femme et de la féminité ? Si cette fête est interdite, qui empêchera alors que Noël, vieille superstition de masse, tout comme le jour de l’an, arbitraire et ridicule passage d’une année à l’autre, ne le soient aussi un jour ?

Nous rappelons pour notre part que l’école de la République a initialement été conçue comme service rendu à la famille. Dans sa lettre aux instituteurs de 1883, Jules Ferry déclarait en effet au hussard noir à qui il s’adressait : "vous n’êtes point l’apôtre d’un nouvel évangile ; le législateur n’a voulu faire de vous ni un philosophe, ni un théologien improvisé." [4] Serviteur et non prédicant, l’instituteur reçoit alors de Jules Ferry le précepte suivant : "Vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille". Usurpant les rôles de père et de mère, nos abolitionnistes modernes, nouveaux tyrans de l’uniformité égalitaire, nous prommettent alors un monde sans parents, sans fête, sans joie. Un monde qu’ils aimeraient faire passer pour le meilleur des mondes.

Notes et références

[1] http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&ved=0CEQQFjAC&url=http%3A%2F%2Fwww.icem-freinet.fr%2Farchives%2Feduc%2F78-79%2F6%2Feduc_6_78_79.pdf&ei=bayLU5mSD86rPMC8gUg&usg=AFQjCNEF6ZuGt3ckPOEVzM25VRKBTVWsyw
[2] http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/18227
[3] http://concours-fonction-publique.publidia.fr/informations/les-devoirs-des-fonctionnaires/283
[4] http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCIQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.vie-publique.fr%2Fdocuments-vp%2Flettre_ferry.shtml&ei=ChapU4rmFeKc0AW15oCwBA&usg=AFQjCNFyRyjKz9AQx-kksoMfpEhS14YTAA&sig2=84WSXy30W0XVtTFBaBhZXA&bvm=bv.69620078,d.d2k

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