La nomination de Madame Najat Vallaud-Belkacem au poste de Ministre de l’Education nationale n’est pas une bonne nouvelle. Benoît Hamon, son prédécesseur à ce poste, avait prudemment retiré les "ABCD de l’égalité", programme mettant en oeuvre une véritable pédagogie du gender. L’arrivée de la passionaria des équivalences et de l’indistinction à la rue de Grenelle n’augure rien de bon pour les mois à venir.
La nouvelle Ministre en effet s’était imposée, dans ses rangs comme sur le devant de la scène, en véritable apôtre du genre. A ce sujet, elle déclarait en août 2011 que "la théorie du genre" avait "pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets." [1] Pourtant, après des débats houleux portés à l’Assemblée et sur le parvis des écoles, notre fervente prosélyte ne manquait pas de reculer jusqu’à l’apostasie et précisait, en juin 2013 : "La théorie du genre n’existe pas, ça n’existe pas. En tous cas, je ne l’ai jamais rencontrée." [2] Versatile, pragmatique et fiévreuse, Najat Vallaud-Belkacem montrait là son vrai visage, que cache mal la coupe impeccable de ses tailleurs colorés, et qui est celui d’une idéologue farouche, prête à tous les subterfuges pour parvenir à ses fins.
Mais il est autre chose, qui demeure peu connu et risque d’être déterminant à l’avenir. En juin 2014, voulant panser les plaies d’une déroute électorale sans précédent, Madame Vallaud-Belkacem écrivait un texte intitulé "Contre la désillusion, l’éducation populaire ".[3] Emprunté au sociologue Christian Maurel, le concept était pour elle l’occasion de prononcer le credo suivant : "Je crois en l’éducation populaire. Je crois en sa capacité [...] à changer l’état d’esprit d’une société, d’une génération tout entière." Laïciste et dogmatique, notre féministe révèle ici ses intentions de locataire de la rue de Grenelle : pour cette dernière en effet, l’Education Nationale n’est pas un service public mis à la disposition de tous, mais l’instrument privilégié permettant d’oeuvrer à la réalisation d’une cause partisane. Eduquer n’est plus instruire mais d’abord inculquer.
Passant du prêche féministe au catéchisme populiste, Najat Vallaud Belkacem est donc une Ministre qui ne saurait gouverner sans les mirages de l’utopie. La chose serait drôle si celle-ci n’avait pas la responsabilité de millions de jeunes. En consacrant le retour des doctrinaires à la rue de Grenelle, le récent remaniement ministériel pose la question de la fonction d’un Ministère. Ce dernier est-il, comme son étymologie semble l’indiquer, un service, ou, comme il est à craindre désormais, le vecteur d’une intention partisane, clinquant marchepied d’une vaine gloire ?
[2] https://www.youtube.com/watch?v=cQiIgD0qBq4
[3] http://www.liberation.fr/societe/2014/06/02/contre-la-desillusion-l-education-populaire_1032187
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