Il est parfois difficile d’accéder à certaines informations, non parce qu’elles seraient dissimulées mais parce que leur énormité nous pousse à l’incrédulité. Le pire est que leurs auteurs, qu’on peut en général créditer de bonnes intentions, imaginent éviter les conséquences de leurs décisions et ne voient pas pourquoi elles révulsent l’essentiel de la population. Pourtant, il faut vouloir les conséquences de ce que l’on veut .
Il en est ainsi par exemple du surprenant « Standards pour l’éducation en Europe » qui déconnecte sexualité et sentiments (vous ne le saviez pas ? c’est normal, des définitions fondamentales - p.17-19 - ont été modifiées en 2002 et le document n’a été traduit en français que l’an dernier) et propose un apprentissage de la sexualité dès l’enfance.
Un nouveau modèle vient de paraitre : le dossier de présentation de la rentrée scolaire 2014, signé par le nouveau ministre. Les parents - et grands-parents - qui sont en droit d’apprécier modérément les sermons d’une post-adolescente (« ministre des parents ?? »), sont invités à lui écrire pour lui exprimer leur réprobation.
Voir ici l’objectif clairement annoncé, là une première traduction concrète, là encore une autre analyse plus complète - âmes sensibles s’abstenir - et d’autres témoignages. La liste n’est pas limitative, merci de nous faire parvenir d’autres liens confirmés.
Le document étant passablement indigeste, nous proposons au lecteur pressé par le temps, un résumé des points essentiels avec les références pour contrôler leur véracité.
Des diverses significations du mot « fondamentaux »
L’immense majorité des Français traduira naturellement ce mot par « lecture, écriture, calcul » comme l’a montré la consultation de 2003. Dans ce dossier de rentrée, le meilleur moteur de recherche n’en montrera pas une trace. De même, concernant le cadre propice aux apprentissages, la sécurité n’apparait qu’en passant dans un court paragraphe peu convaincant (p.16), et le travail d’acquisition n’existe pas. On relèvera p.25 l’expression « réussite éducative » - et pas scolaire - dont les objectifs peuvent différer assez sensiblement des attentes des parents ; les sanctions éventuelles, uniquement éducatives, contre les tyranneaux qui martyrisent leurs camarades ou les empêchent de travailler n’ont rien pour rassurer les parents (p.79).
Des nouveaux objectifs qui laissent perplexe
L’égalité filles-garçons :
En position prioritaire, c’est le premier objectif concret de l’introduction p.2, il figure en bonne place dans les nouveaux programmes p.7, fait l’objet du premier grand développement p.17, etc.
La coéducation :
Citée explicitement p.25 et 81, et en filigrane par la subordination des parents aux autorités scolaires dans l’essentiel des occurrences ; les discours vertueux n’y changent rien, c’est l’autorité des parents qui est atteinte - toujours ces fichues conséquences.
La suppression programmée des notes :
Décrit p.8 et suivantes, on pourra noter que le dispositif est totalement verrouillé pour éviter la contradiction ; nous rassurons cependant les parents inquiets : ceci ne concerne pas les établissements fréquentés par nos « élites ».
Le numérique :
p.33 et suivantes, on comprend que c’est un objectif important ; on est contraint de se poser la question du coût puisque le matériel est essentiellement fabriqué à l’étranger, mais surtout de sa pertinence : le prof de prépas vous garantit qu’on ne maitrise le numérique qu’en s’en détachant, sinon on en reste l’esclave. Encore une fois curieusement les établissements les plus renommés l’utilisent fort peu.
La culture
C’est visiblement l’arme essentielle, avant même la maitrise de la lecture et d’autres détails secondaires. La description p.40 est parfaitement compatible avec les pires dérives observées durant l’année écoulée (voir au début).
Il est intéressant de compléter ce titre par le suivant qui parle de « mémoire collective » à la façon ferme des animaux d’Orwell ; on appréciera les programmes d’Histoire à la lumière de la liste exhaustive des commémorations autorisées p.44 - et l’absence de toutes les autres : la censure autoritaire des périodes essentielles de notre Histoire est-elle envisagée ?
La lutte contre les discriminations :
Fil rouge du dossier, les objectifs chiffrés indiqués p.50, comme leur traduction dans les emplois p.53, impose le recours à la coercition, puisque l’exemple norvégien montre que la liberté de choix a pour conséquence une différence dans les faits.
La politique éducative sociale et de santé :
Les objectifs sont lénifiants mais les modalités d’action p.74 font implicitement référence à l’éducation à la sexualité ; on ne peut qu’être troublé par la similarité de termes entre « l’environnement favorable à la santé et au bien-être » et la nouvelle définition de la santé sexuelle au sens de nos élites internationales : « état de bien-être physique, émotionnel, mental et social relié à la sexualité » (p17 du document en lien en haut de l’article), comme d’autres titres parlant de « santé reproductive » qui recouvrent la promotion de l’homosexualité et des comportements débridés.