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Rapport Teychenne : analyse et décryptage

jeudi 10 octobre 2013, par oleg

Le tumulte de la rentrée étant presque passé, il nous est désormais possible de jeter un œil sur le rapport qu’a publié Michel Teychenné en juin 2013, suite à une demande formulée par Vincent Peillon le 15 octobre 2012. Hasard du calendrier, cette date de publication correspond au moment où, à l’Assemblée, se décidait le projet de loi de refondation pour l’École, qui rejeta in extremis la mention du genre dans les programmes scolaires à venir. Autre coïncidence, le rédacteur est un des fondateurs d’Homosexualité et socialisme, association créée en 1983, qui entend défendre les droits des lesbiennes, des gays, des bis et des trans en s’inscrivant dans le combat pour l’égalité des droits et la lutte contre toutes les discriminations.

Thèse soutenue

Du point de vue de son contenu, l’épais rapport, intitulé Discriminations LGBT-Phobes à l’école. État des lieux et recommandations, propose une démonstration qui semble simple. L’homosexualité, y comprend-on, génère à l’école l’homophobie et pousse des jeunes au suicide. Ergo : c’est à l’école de corriger les perceptions pour que les jeunes en questionnement d’identité ne souffrent plus.
Éloquent, ce syllogisme se résume en une idée, que l’on trouve au détour d’un intertitre : homophobie : un problème éducatif qui doit être traité par le système éducatif.

Références à l’appui

Un tantinet simpliste, la démonstration n’est guère neuve et s’appuie sur des sources qui sont d’ailleurs citées par le rapport lui-même.
Premier ancrage, Monsieur Teychenné mentionne Éric Verdier, auteur, avec Jean-Marie Firdion d’un ouvrage intitulé Homosexualité et suicide et qui a pu déclarer dans un entretien en janvier 2009 : « ne mettez jamais de lien entre homosexualité et suicide, mais toujours entre homophobie et suicide. » Pour les néophytes, c’est ce que les professionnels de la communication appellent élément de langage et dont le but est d’orienter la perception du public dans un sens voulu par l’émetteur.
Autre référence, le rapport évoque la thèse de doctorat en psychologie réalisée par Jean-Michel Pugnière en 2011 et dont l’éloquent titre est Orientation sexuelle : facteur de suicide et de conduites à risques chez les adolescents et les jeunes adultes ?

Failles de l’argumentaire

S’ils donnent des pistes de réflexion permettant d’analyser un problème aussi crucial que celui du suicide des jeunes, ces éléments laissent songeur quant à l’utilisation sans recul critique qui en est faite par Monsieur Teychenné. Elles semblent en outre vouloir générer des remédiations scolaires qui paraissent douteuses. La souffrance d’un jeune, se disant ou non homosexuel, est-elle le seul fait du corps social ? Il y a là un postulat qui prête au moins à discussion. En second lieu, est-ce bien le rôle de l’École de changer toutes les consciences pour garantir la guérison de toutes les blessures ? Ne trompe-t-on pas le désespéré lui-même en lui faisant croire qu’autrui, le corps social, l’État enfin se chargeront de son désespoir ?

Nos propositions

Nous pensons pour notre part qu’une école n’est pas un hôpital, pas plus que les enseignants ne seraient docteurs. Toutes ces questions aussi délicates qu’intimes ne se règleront pas à coup de rapports, de décrets ou de lois. Il est donc grand temps de rendre à l’institution scolaire son véritable rôle qui est d’instruire, non de soigner, d’éveiller et non de faire penser : éduquer est-ce changer ou accompagner ? Ferdinand Buisson, homme si cher à notre Ministre, donnait lui-même réponse à cette question : L’éducation, écrivait-il en son Dictionnaire, ne fait pas l’homme de rien, elle s’applique à des dispositions qu’elle trouve toutes faites.
Faute de pouvoir prendre en compte semblable évidence, les vues de Monsieur Peillon, que l’on pressent dans le biais de ce fâcheux rapport, risquent bien à nouveau de ne mener à rien.

Concernant la violence au lycée, un lien

http://www.jeunesviolencesecoute.fr/

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