Et d’abord, il sera toujours possible de faire du latin ou du grec, c’est ce qu’on dit.
En fait... pas exactement.
Pour commencer, 23% d’élèves latinistes en 5ème [1], c’est difficilement négligeable : on en est presque au quart des effectifs : comparativement, il y a beaucoup moins de germanistes, pourtant personne de sensé n’envisagerait de supprimer l’enseignement de l’Allemand.
Qui sont ces latinistes : des enfants de milieux aisés ? On nous dit cette matière "élitiste"...
On aimerait beaucoup voir un quart de la population française bénéficier de revenus qui l’amènent à se considérer comme "aisée". En fait c’est justement la planche de salut de bien des élèves qui n’en ont pas d’autre : selon les inspecteurs généraux, Dans [les] établissements classés en ZEP, l’enseignement du latin et du grec est ainsi une des réponses possibles pour donner plus à des élèves qui sont de bonne volonté et ont le désir d’apprendre et de réussir, mais qui, trop souvent [...] sont laissés sur le chemin. Dans des collèges de zone défavorisée, des élèves évoquent la satisfaction qu’ils ont de pouvoir partager avec leurs parents, qui ne les ont pas connus, les apports culturels des enseignements de langues et cultures de l’Antiquité.
Oui, mais il y aura le même nombre d’heures qu’aujourd’hui, avec des heures pour l’étude de la culture et de la civilisation et des heures pour l’étude de la langue...
Euh, comment dire... "des heures", oui mais en EPI. Plus aucun horaire propre, et l’obligation de se connecter à une autre discipline [2], en prélevant pour cela des heures sur les enseignements fondamentaux. Quel chef d’établissement prendra la responsabilité d’amputer drastiquement l’enseignement du Français et des Mathématiques pour ouvrir la possibilité d’un apprentissage du latin ?
C’est comme la publicité pour les prêts : "il est possible d’emprunter jusqu’à tant à tel taux"... à des conditions qu’il est impossible de réunir, ou qui rendent le prêt assez peu attrayant.