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Même l’académie des sciences le dit ...

samedi 20 juin 2015, par oleg

Il y a quinze jours, l’Académie des Sciences écrivait un texte dénonçant l’iniquité et l’inefficacité de la réforme du collège. Alors que cette dernière déplaît de plus en plus, alors que la rue de Grenelle s’entête en ses projets, ce petit texte demeure plus que jamais d’actualité.

" Le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) vient de présenter à la ministre de l’éducation nationale un projet de programmes couvrant tous les enseignements de l’école élémentaire et du collège. Ce projet fait l’objet d’une consultation nationale. Après examen de ces projets, l’Académie des sciences considère que ces programmes ne sont pas satisfaisants pour des raisons structurelles.

A l’évidence, ce projet a été préparé rapidement, sans consultation préalable des acteurs de l’enseignement et sans tenir compte du rapport envoyé par l’Académie au CSP. Les incohérences entre les différentes parties indiquent également un manque de coordination entre les comités ayant rédigé l’ensemble. Alors que le cahier des charges prévoyait un document compréhensible par tous, en particulier par les parents, le projet emploie au contraire un style inaccessible à beaucoup.

Au-delà de la forme du document, l’Académie des sciences s’inquiète surtout du manque d’ambition et de la perte significative de contenu. Ces programmes sont construits autour de « compétences » plutôt que de « connaissances », réduisant encore un peu plus la part de l’instruction dans notre système éducatif. Les programmes ne devraient pas se limiter à un plus petit dénominateur commun, qui mène de fait à une perpétuelle régression des contenus et constitue un obstacle à la nécessaire diversification des filières d’enseignement. Des programmes bien construits devraient au contraire être des textes concis et précis, qui permettent une progression raisonnée des connaissances au fil des années — surtout en sciences, où il y a souvent un enchaînement logique incontournable — et des liens clairs entre les disciplines.

En ce qui concerne les sciences, on peut regretter qu’aucune véritable tentative d’interdisciplinarité bien coordonnée n’ait été tentée. Les mathématiques par exemple
semblent isolées des autres sciences et ont même perdu presque entièrement ce qui fait leur substance : la capacité de démontrer ce qu’on y affirme. Les sciences de la nature (sciences de la vie et de la terre, physique et chimie) sont abordées avec un certain manque de progressivité dans les connaissances et correspondent plus à des catalogues.

Le découragement des professeurs est profond. Heureusement, l’importance du rôle des professeurs dépasse largement celle des programmes qu’on leur impose. L’Académie des sciences est convaincue que les professeurs auront à cœur d’interpréter ces programmes de la manière la plus libre possible et qu’ils sauront transmettre de véritables contenus ambitieux, en les adaptant à chaque classe. Pour cela, il faudra aider les enseignants, en mettant la priorité sur leur formation, initiale ou continue. L’Académie y contribue déjà à travers la fondation « la main à la pâte » et ses « Maisons pour la science au service des professeurs » mais il faudra redoubler d’efforts et proposer d’autres initiatives. La question de la formation est articulièrement importante pour les quelques éléments d’informatique introduits au cycle 4 qui seront enseignés par des professeurs sans formation à cette discipline. "

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