Chroniques de l’EMC 2015 (5)

Quelques curiosités des programmes anciens

À la lecture des programmes anciens concernant les champs moral et civique, on est parfois conduit à reconsidérer certains stéréotypes [1] sans pour autant faire preuve de naïveté.

Dans le programme de 1882, en Cours Moyen (de 9 à 11 ans, comme le précise le programme), figure « Devoirs envers les serviteurs. – Les traiter avec politesse, avec bonté ». Cela figure entre les devoirs envers la famille et les devoirs envers la patrie et avant les devoirs envers soi-même (au nombre desquels sont mentionnés la propreté, la sobriété et la tempérance, mais également l’obligation du travail).
Les manuels associent une leçon de vocabulaire à la leçon de morale, en rappelant les différents mots de vocabulaire utilisés pour désigner les étrangers à la famille auquel on a besoin de recourir pour faire face à tous les travaux : serviteur/servante, journalier, domestique, valet. La politique nataliste est implicite : « c’est l’avantage des familles nombreuses : elles n’ont pas besoin de recourir à des étrangers ; et comme chacun se dit qu’il travaille sur son bien, tous y vont de bon cœur. » (BURDEAU A., Manuel d’Éducation Morale, ALCIDE PICARD ET KAAN, 1904, p. 50).

Toujours dans ce programme de 1882, mais en Cours Élémentaire, on peut relever que l’enseignant doit proposer à ses élèves des « exercices pratiques tendant à mettre la morale en action dans la classe même » entre autres par « le redressement des notions grossières (préjugés et superstitions populaires, croyances aux sorciers, aux revenants, à l’influence de certains nombres, terreurs folles, etc.) » … Halloween - qui n’avait pas alors été importé en France - aurait donc pu servir de point de départ à un « débat argumenté ou réglé » voire à une « discussion à visée philosophique » avant l’heure.