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La Circulaire de rentrée 2016 : analyse critique (4)

samedi 18 juin 2016, par Epsilon

Enseignement des langues

On notera que l’anglais devient la langue presque obligatoire, la seule référence pour l’allemand étant le CNED.
On n’insistera pas sur les « langues régionales », prétexte d’introduction d’une langue chère à notre ministre actuel. L’observateur averti aura relevé que ce qui se met en place de force est la société « multiculturelle » chère à ceux pour qui « la nation est une notion dépassée ». Tout comme l’homme, la femme, la fidélité, le respect, etc.

Premier degré

Le ministre déplore que trop peu d’enfants de moins de 3 ans (soient arrachés à l’influence de leurs parents ?) fréquentent l’école et fixe des objectifs chiffrés : 50% en REP et 30% ailleurs.
On manque de professeurs ? On recrutera des remplaçants... Quand on sait que dans certaines académies on ne trouve plus assez de candidats, cela promet pas mal d’acrobaties pour en trouver, ou plus précisément trouver des remplaçants qualifiés : les parents ont grand intérêt à surveiller de très près les inconnus qui auront en charge leurs enfants.
Le plus triste est de voir écartés des candidats dévoués, qui ont ’la fibre’, mais pas la bonne « manière de penser ». On pourra (re)lire le « Journal d’une institutrice clandestine » de Rachel Boutonnet pour s’en faire une idée.
En maternelle encore, le carnet de suivi des apprentissages permet de surveiller de près les enfants.
On notera enfin que du CP au CE2, le français devient un langage comme un autre, qui ne fait pas l’objet d’un apprentissage spécifique.
Parents, dans l’intérêt de vos enfants, vous devez leur enseigner vous-même la lecture, l’écriture, les conjugaisons, règles d’accord et grammaire de base.
(Mais au fait, pourquoi mettre les enfants à l’école si les parents doivent eux-mêmes faire l’enseignement qu’ils sont censés y recevoir ?)

Au collège

On n’insiste pas sur la perte sèche d’heures de formation au profit d’activités de centre social (les fameux EPI ou autres parcours éducatifs) dont les contenus loufoques feraient hurler de rire s’ils ne s’appliquaient pas à vos propres enfants - ou petits-enfants. L’observation montre d’ailleurs que les seuls en mesure d’en tirer un éventuel bénéfice sont l’extrême minorité d’enfants déjà doués et portés par leur cadre familial. Et on ose fustiger « l’élitisme »...
La dotation horaire supplémentaire ne trompera personne : on rebaptise sous ce nom pompeux une fraction de l’horaire retiré aux apprentissages essentiels, avec interdiction formelle de l’utiliser à quelque chose d’utile. Les établissements privés sous contrat (et même hors contrat si on suit les vœux du ministre) qui pensaient pouvoir y échapper sont prévenus : gare aux récalcitrants.

Petite anecdote qui illustre le gouffre abyssal entre ce projet et l’indispensable transmission décrite par François-Xavier Bellamy.
Enseignement de la musique et des arts dans ce cadre. La pimpante inspectrice ne se donne pas la peine d’apporter quelque fond que ce soit à son intervention auprès des professeurs en réunion, et affirme péremptoirement que « c’est très bien que les professeurs n’en sachent pas davantage que les élèves ». Mais alors où est leur légitimité ? Comment ose-t-elle sans vergogne requérir de « l’héroïsme » de la part de professeurs qu’elle a désinstitutionnalisés, alors qu’elle-même se réfugie dans le conformisme le plus abject ?
Fort heureusement, des (vieux) formateurs chevronnés prônent des méthodes qui ont fait leurs preuves mais qui le fera encore lorsqu’ils n’y seront plus ?

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