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Le « genre » : quel fondement scientifique ?

mercredi 15 janvier 2014, par Epsilon

Les publicitaires se gondolent en entendant parler d’égalité des comportements.

Résumé

L’espèce humaine se reproduit de manière sexuée ; la puissance de l’attirance mutuelle entre les deux sexes est une condition essentielle de survie. Ces données définissent une norme biologique : à ce titre un mot comme hétérosexuel est impropre et devrait être remplacé par biologiquement normal. Comme toutes les composantes du corps humain, les organes sexuels peuvent présenter des anomalies qui ne diminuent en rien l’humanité de leurs porteurs mais ne sont pas un critère pertinent de classement.
Par ailleurs, sauf à accepter la théorie du ‘créationnisme’, l’Évolution produit également des différences sensibles de comportement qui favorisent les meilleures capacités de survie ; ces différences, faussement attribuées à l’éducation ou la culture, peuvent être visibles à la naissance ou se révéler lors de la croissance. Par exemple l’extrême vulnérabilité du nouveau-né est compensée par les soins attentifs de sa mère ; de plus ces soins sont renforcés, comme chez de nombreuses espèces, par un très puissant instinct de protection masculin.
Enfin des différences dans les comportements sexuels peuvent parfois s’observer dans le règne animal mais dans des proportions très ténues, souvent liées à une posture de domination entre mâles. Chez l’Homme, cette proportion peut être considérablement renforcée par des évènements inadéquats lors de la croissance, ou une éducation spécifiquement orientée à un âge précoce, au détriment des enfants. A contrario, la construction des civilisations a progressivement rejeté d’autres comportements préjudiciables, comme l’inceste ou la pédophilie, au même titre que le vol ou l’assassinat ; ces interdits sont peut-être les marqueurs les plus forts de l’humanité.

Analyse

L’attirance mutuelle des sexes : un caractère inné

Dans l’Évolution, la supériorité manifeste de la reproduction sexuée due au brassage des gènes a permis au monde d’exister tel que nous le connaissons, dans sa diversité. Les rares organismes asexués restent d’une complexité très limitée. Ce mode de reproduction repose sur la séparation de chaque espèce en deux sexes, mâle et femelle, et dans le monde animal, sur leur puissante attirance mutuelle, condition indispensable à la survie.
On peut souligner que ce dernier phénomène, pour spectaculaire qu’il soit chez certaines espèces, n’apparait qu’avec les poussées d’hormones et la maturité sexuelle. Il s’agit cependant bien d’un caractère inné, constituant de ce mode de reproduction chez les espèces animales, même s’il n’existe qu’à l’état latent, invisible à la naissance. Chez les humains, des signes avant coureurs apparaissent durant la croissance, comme la tendance à se regrouper par sexe ou d’autres traits de caractère que les parents expérimentent régulièrement.
La science, davantage que d’autres disciplines, impose une définition rigoureuse. Rappelons la définition d’Aristote : la femelle engendre à l’intérieur d’elle-même et le mâle à l’extérieur. Cette définition peut être affinée à la lumière de nos connaissances sur la génétique mais elle reste pertinente à l’échelle d’une espèce pour l’aspect vital de sa reproduction. Nous verrons plus loin que des exceptions existent comme partout dans le vivant mais celles-ci ne la remettent pas en cause au regard de la pérennité des espèces.
L’espèce humaine, comme tous les mammifères, bénéficie de cet avantage reproductif ; le français préfère les termes homme et femme, plus élégants que mâle et femelle. L’Homme se distingue des autres espèces par une éducation élaborée, qui lui permet dans une certaine mesure de contrôler les pulsions sexuelles et d’établir un certain nombre d’interdits comme celui de l’inceste, aux conséquences génétiques gênantes, ou la pédophilie dans la plupart des cultures, tous deux dévastateurs sur une personnalité en formation. Cette éducation progressivement affinée au long des générations a permis, souvent grâce à l’apport décisif des grandes religions monothéistes et, dans une certaine mesure, des principales philosophies d’origine asiatique, d’ancrer diverses règles spécifiques concernant la protection due aux femmes et aux enfants, notamment dans le domaine sexuel.
L’attirance mutuelle n’est naturellement pas limitée aux périodes de fécondité, surtout chez les mâles. Dans ce domaine les humains sont mieux lotis que leurs congénères d’autres espèces en raison de la disponibilité de la femme. Il n’est pas interdit de voir dans cette disponibilité l’un des effets de l’Évolution : le sexe joue un rôle important dans la stabilité du couple et ses multiples conséquences : monogamie, protection de la femme et des descendants à travers la cellule familiale, etc.

Les exceptions

Comme pour tout le Vivant, l’extrême complexité des processus mis en œuvre dans la reproduction et le développement des organismes supérieurs est inséparable d’accidents. Bien souvent le petit être qui les subit n’est pas viable et la grossesse de la femme se résout en fausse couche. Une fraction d’individus parvient à la naissance porteurs d’anomalies significatives diverses. Celles-ci peuvent être d’ordre génétique comme l’hémophilie, la trisomie ou le SIA [1], ou causées par des perturbations lors de la grossesse, comme la rubéole, la toxoplasmose ou un dérèglement hormonal. Il existe également des cas d’infertilité : ceux qui les subissent sont tout aussi humains qu’un hémophile ou un accidenté de la route mais ne remettent pas davantage en cause la classification fondamentale de l’humanité.
Les anomalies génétiques : rarissimes [2], parfois masquées, parfois spectaculaires, leur porteur voit souvent sa vie perturbée ; il n’est pas interdit d’y voir la figure du chamane de certaines peuplades. Les études les plus fondées conseillent aux parents d’éduquer les enfants concernés selon un sexe déterminé, comme un enfant normal, en gardant en tête qu’il lui appartient de choisir après sa puberté ou à l’âge adulte. Dans tous les cas de figure, il est recommandé d’éviter le scalpel [3].
Les anomalies hormonales : aucune fréquence fiable de cette situation ne peut être donnée ; selon les auteurs, elle varie d’une fraction de pour-cent chez les scientifiques à 3% pour les auteurs orientés. La vérité oblige à reconnaitre qu’aucune étude approfondie n’a été menée [4], simplement en raison des difficultés de mise en œuvre : il faudrait procéder à un dosage systématique, sur un large échantillon, des taux d’hormones baignant le fœtus ; outre les risques, de telles analyses ne peuvent se pratiquer qu’en milieu hospitalier, sont coûteuses et induisent des contraintes pour les mères qui les subissent. De plus une telle étude imposerait un suivi difficile sur une longue période – plus de vingt ans ; un responsable de laboratoire qui disposerait des crédits, de la volonté et de suffisamment de bénévoles pour la conduire aurait peu de chance d’en voir l’achèvement et son successeur n’aurait pas nécessairement les mêmes dispositions d’esprit.
Ces anomalies existent cependant : les expériences spectaculaires sur les rats de laboratoire l’ont attesté. Elles seraient responsables d’une majorité de cas d’intersexualité, mais leurs effets ne sont pas toujours visibles et peuvent se révéler tardivement. Ces effets vont d’une modification plus ou moins prononcée du comportement sexuel à des cas extrêmes d’identification au sexe opposé. Dans ces situations l’instinct le plus puissant bénéfique à la survie de l’espèce devient la cause de frustrations très profondes.
Un homme par exemple qui désire adopter le comportement, voire l’apparence, d’une femme reste un homme et se trouve enfermé dans une contradiction difficile à supporter. La chirurgie peut permettre en partie la transformation à laquelle il aspire mais s’avère souvent un leurre : d’une part les proportions du corps, différentes chez l’homme et la femme, ne peuvent être modifiées ; d’autre part l’amputation du sexe conduit souvent à une insensibilité de la zone. Et surtout lorsque l’activité hormonale diminue, il est fréquent que l’intéressé regrette amèrement sa décision [5]. A ce sujet on reste pantois devant la désinvolture dans le traitement des règles déontologiques et le maniement du scalpel, comme devant l’absence de suivi. Il est difficile de ne pas faire de rapprochement avec les dérives glaçantes concernant l’euthanasie [6]. Comment refuser de voir que le malaise réel ressenti par les intéressés, raison invoquée pour justifier une opération invalidante, traduit en général un état dépressif dont les causes sont souvent sans rapport avec la demande ? Et comment interpréter les tracasseries européennes pour une simple circoncision, en regard de l’absence totale de contrôle pour une émasculation ?
D’autres anomalies peuvent être liées à des perturbations extérieures au cours de la croissance : les victimes d’abus sexuels voient par exemple leur développement psychologique, intellectuel et affectif gravement affecté. Le même effet peut être observé à des degrés divers suite à la confrontation à des situations ou des images malvenues à un âge où l’enfant n’est pas en mesure de les gérer : cela peut par exemple se traduire par l’agression sexuelle d’une fillette par un groupe de collégiens de 6ème ; il est difficile de mesurer la proportion de cas d’homosexualité induite par ce genre de confrontation.
Si jusqu’à présent l’enfant est protégé par la loi, en toute logique un décideur ayant délibérément créé les conditions de ces perturbations devrait être traduit devant une cour d’assise et répondre de toutes les circonstances aggravantes cumulées. En attendant des parents aimants sont les meilleurs protecteurs que l’enfant puisse rêver.

Notes

[1Syndrome d’insensibilité aux androgènes : le porteur est privé de récepteurs aux androgènes et développe un corps féminin avec un génotype masculin ; il reste naturellement stérile

[2Lise Eliot (Cerveau bleu, cerveau rose) cite par exemple une fréquence de 0,025% pour le syndrome de Turner et quatre fois moins pour le HCS

[3Voir à ce sujet l’histoire de David Reimer rapportée dans As nature made him de John Colapinto

[4le seul scientifique qui mentionne une telle étude est le Pr. Simon Baron-Cohen

[5Heyer W. (2013) Gender, lies and suicide

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