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La vérité n’est pas son "genre"

mercredi 12 octobre 2016, par oleg

Lorsqu’une voix s’est élevée pour dénoncer la présence de l’enseignement du genre dans les écoles françaises, Madame Vallaud Belkacem s’est indignée. Regrettant ces « paroles légères et infondées », elle invitait chacun à « venir rencontrer les enseignants » et à « voir les manuels ». Ayant répondu à l’injonction, le groupe « Vigigender » a retrouvé, sur 24 pages de livres scolaires, la présence de la doctrine mentionnée. C’est donc au tour des enseignants de répondre à l’invitation de leur Ministre et de livrer leur appréciation sur le sujet.

Rappelons tout d’abord que le gender relève d’une politique gouvernementale mise en œuvre dès l’arrivée au pouvoir de notre actuel Président de la République. Par sa Convention inter-ministérielle pour l’égalité entre les filles et les garçons, l’exécutif faisait du genre le principe permettant de déconstruire les stéréotypes et les normes discriminantes. Ainsi était souhaitée une « formation au genre et à l’égalité ». De même, le gouvernement voulait « rendre visibles les recherches sur le genre ». Dans sa politique sociale et éducative, le pouvoir faisait de cette théorie l’élément permettant de comprendre et de pallier les inégalités. Par ces déclarations, la Convention inter-ministérielle pour l’égalité instituait un véritable quinquennat du genre.

Répondant à cet ordre de mission, le Ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche allait permettre la mise en place d’un cadre théorique. En 2012, l’Institut du Genre était fondé à l’initiative de l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS. S’appuyant sur des équipes engagées dans la recherche, il se concevait comme un lieu de coordination, de référence et d’accueil scientifique des recherches sur le genre. Depuis, il propose en milieu universitaire conférences et colloques dont les titres sont éloquents. « La musique a-t-elle un genre ? », « Les situations post-révolutionnaires à l’aune du genre et des sexualités », « Médecine de classe, médecine de genre » sont autant d’interventions qui signalent l’implantation de la doctrine au sein des facultés. Des bourses sont allouées, des événements sont organisés : en France, le genre est d’abord une réalité universitaire.

A l ’échelle du Secondaire, il est en passe de devenir un critère de recrutement, un dispositif d’évaluation. Le Rapport sur l’égalité entre filles et garçons dans les établissements rédigé en mai 2013 par l’Inspection générale de l’Éducation nationale demandait que, pour « les concours de recrutement », « dans les épreuves à visée professionnelle », soient prises en compte les « situations « où la question des rapports sociaux de genre revêt une dimension pédagogique ». De même, en 2014, l’Académie de Versailles rédigeait une « Grille d’observation des relations de genre dans la classe et à l’école ». Dans celle-ci, chaque enseignant du Premier Degré était invité à « prendre en compte le genre dans son enseignement » en se posant la question suivante : « ai-je l’intention de varier le genre dans les exemples donnés ? » Normatives et culpabilisantes, ces injonctions signalaient une volonté de contrôle des attitudes. Descendue des amphithéâtres universitaires la théorie habite désormais la conscience des personnels éducatifs. Le Ministère attend de chaque professeur qu’il se situe par rapport à la question du genre.

De là la mise en place d’actions concrètes, que l’institution érige en exemples. En 2015, Eduscol, site de ressources en ligne destinées aux enseignants mentionnait un « Itinéraire de Découverte d’une heure sur le lien entre pratique sportive et genre » Destiné à une classe de Seconde, le module invitait à « prendre en compte le caractère différencié du processus de socialisation en fonction du genre et du milieu social ». On imagine le fil conducteur : réfléchissant sur les formes d’expressions sportives, les élèves sont amenés à déconstruire les préjugés pour questionner les identités. En cette démarche, l’école devient lieu d’une remise en question de l’intimité. Conséquence de cette intrusion, l’autorité scolaire promeut et cautionne une didactique du genre.

Grossières et infondées, les réfutations de notre Ministre ne résistent pas à l’examen des faits. Depuis des années, le genre existe à l’école sous forme de cadre théorique, de normes évaluatives et d’incitation pédagogique. Cette doctrine est devenue une manière d’organiser un cours, de le juger et même de le créer. Nier cette évidence c’est fermer les yeux sur la réalité de ce qui se passe dans nos classes. Et lorsque cette dénégation est proférée par un Ministre, on peut sans conteste parler d’un mensonge d’État. Le plus grave en cette hypocrisie n’est pas la rouerie d’un haut fonctionnaire prête à tout pour garder contenance. Le plus grave est que le subterfuge entache la fonction ministérielle, dégrade la dignité enseignante et rompt les relations de confiance unissant familles et école. Comment croire en l’État lorsqu’un de ses Ministres manque au devoir de vérité ? Comment adhérer à une institution qui triche avec les faits ? Comment enseigner quand tout le monde ment ?

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