Après l’information de la décision (les nouveaux programmes de scolarité obligatoire entrent en vigueur, avec la réforme du collège et le plan numérique), le préambule affiche clairement l’objectif prioritaire :
former chaque élève pour qu’il devienne un citoyen éclairé, instruit, éduqué, autonome, cultivé et porteur des valeurs de la République.
L’information nous dit qu’il s’agit d’une décision arrêtée, autoritaire, et rappelle la volonté qu’aucun enfant n’y échappe (’obligatoire’). Les parents qui s’organisent pour que leurs enfants reçoivent une véritable instruction, avec transmission de connaissances, sont prévenus : ils subiront les persécutions tatillonnes de l’administration comme on l’a observé à plusieurs reprises.
On rappelle, pour ceux qui l’auraient oublié, le principe républicain : l’instruction est obligatoire jusqu’à 16 ans, mais pas l’école ; les parents ont le libre choix des moyens.
Le plan numérique nécessiterait à lui seul un article. La sainte tablette pose bien des problèmes, de capacité de concentration notamment, désormais référencés dans de multiples études très sérieuses. Retenir simplement que les responsables des principales firmes utilisant l’informatique mettent leurs enfants dans des établissement (fort chers) d’où toute électronique est totalement bannie. Tout comme les enfants des responsables de l’EN, ministre en tête : faites ce que je dis mais pas ce que je fais
, quoi.
Ces outils peuvent éventuellement rendre service et font plaisir, mais dans le bilan avantages/inconvénients ils se présentent comme un obstacle à l’apprentissage. D’une part ce n’est pas du tout innocent de choisir un médium contraignant et figé, cher et encombrant, peu fiable, pour coucher le fruit de sa réflexion ou ce qu’il en reste, ou un crayon quelconque devenu le prolongement de sa main, utilisable sur n’importe quel support. D’autre part la manipulation même de la tablette se fait obstacle à la maitrise de ce que l’élève est censé comprendre. Voir par exemple l’exposé de Stanislas Dehaene, très instructif, en particulier vers les minutes 20-23, où l’on observe concrètement l’effet inhibiteur d’une certaine concentration.
Le préambule indique la priorité : former des citoyens éclairés.
On se rappelle le plébiscite des parents, lors de la consultation de 2003, pour que l’école revienne à sa mission essentielle, résumée en apprendre à lire-écrire-compter.
Les responsables du ministère, caste auto reproductrice, ont manifestement d’autres idées. Le clair et simple lire-écrire-compter a été rebaptisé les fondamentaux, mot fourre-tout dont la définition évolue selon la rédaction des textes.
Nous devons mettre en garde le lecteur candide sur les mots d’apparence consensuelle instruit, autonome, cultivé : ils ne peuvent se lire qu’à travers le filtre de l’ambition première citoyen éclairé et la référence donnée valeurs de la république.
Nous sommes fondés à nourrir des inquiétudes sur l’idée de citoyen éclairé selon les fonctionnaires en charge et leur ministre. De nombreuses orientations récentes suggèrent un parallèle étroit avec la vision marxiste résumée par ’homo sovieticus’. L’absence de toute définition précise et exhaustive des valeurs de la république (cherchez, vous ne trouverez aucune précision dans le texte intégral) renforce un sentiment d’arbitraire occulte.
Cette idée se trouve malheureusement confirmée par la lecture des nouveaux manuels, notamment de français : tout est fait pour spolier les enfants de leur héritage culturel, historique, linguistique. Ces publications destinées à s’imposer illustrent sans développement superflu l’idée ministérielle d’instruction et de culture.
Et l’éducation ? Mais voyons, ceux qui sont passés par la mairie ont entendu de leurs propres oreilles le rappel de la loi par l’officier d’état civil : l’éducation appartient aux parents.
Il semblerait que notre ministre ait une autre idée et prenne des libertés avec la loi.